L’histoire du Jardin des Plantes

L’histoire du Jardin des Plantes remonte au XVIIe siècle. Autrefois nommé Jardin royal des plantes médicinales, il est créé en mai 1635 sur décision de Louis XIII pour en faire un jardin destiné à la formation des futurs médecins et apothicaires.

Le domaine est alors constitué d’un château et d’un terrain près de la Seine. Dès le départ, ce fut un lieu de promenade ouvert au public, mais aussi – et surtout – d’observations et d’études de la nature. C’est sous l’impulsion de grandes figures scientifiques, comme Buffon, André Thouin, ou encore Geoffroy Saint-Hilaire, que ce lieu est devenu une institution incontournable du paysage parisien. S’étendant aujourd’hui sur un vaste espace de 24 hectares, le Jardin des Plantes est l’une des plus anciennes institutions scientifiques françaises après le Collège royal fondé en 1530 (aujourd’hui Collège de France), mais avant l’Académie royale des sciences (1666) et l’Observatoire de Paris (1672).

Le Jardin royal des plantes médicinales : un lieu d’observation et d’étude de la nature

Au XVIIe siècle, les jardins botaniques connaissent un véritable essor en Europe. Celui de Paris fut fondé en 1635 par un édit de Louis XIII, grâce à la patiente énergie de Guy de La Brosse, l’un de ses médecins. Il ouvre au public en 1640, après cinq années de nécessaires travaux et ensemencements. Le succès des cours en anatomie, botanique et chimie, gratuits et accessibles à tous, est immédiat.

Une véritable réserve de plantes médicinales a alors été constituée entre le cours d’eau de la Bièvre, aujourd’hui souterrain, et la rue du Faubourg-Saint-Victor (l’actuelle rue Geoffroy Saint-Hilaire). S’il s’agit dès le départ d’un lieu de promenade, des leçons publiques et gratuites de botanique, de chimie et d’anatomie sont également dispensées en français par des démonstrateurs, et non en latin comme partout ailleurs. Le succès est immédiat. Le Jardin royal devient une véritable institution destinée à former les futurs médecins et apothicaires. Les serres, présentes dès l’origine, permettaient de conserver et d’étudier des espèces rares et exotiques. Le Jardin est placé sous la protection royale et non sous l’autorité universitaire de la Faculté, ce qui crée de farouches rivalités entre les institutions. Cette protection conduira la Sorbonne, haut lieu d’étude de la théologie, à retirer sa plainte contre Buffon pour ses passages remettant en cause la conception biblique de la création du monde dans son Histoire naturelle.

C’est surtout au XVIIIe siècle que le jardin prend son envol : l’observation et l’étude des espèces animales et végétales menées en ce lieu permettent de faire progresser l’art de guérir et de s’alimenter. C’est ici qu’on acclimate les espèces exotiques ramenées des différents voyages. Ainsi, Antoine de Jussieu accommode le caféier de Java à d’autres types de climats dans le Jardin des Plantes, permettant son exportation et sa culture dans les anciennes colonies françaises d’Amérique. En 1729, un cabinet d’Histoire naturelle est créé afin de recevoir les collections royales de zoologie et de minéralogie. Les serres sont également agrandies.

Guy de la Brosse

C’est à Guy de la Brosse (1586-1641), botaniste et médecin ordinaire du roi, que l’on doit la création du Jardin. À la culture des végétaux utiles à la médecine, il associe la recherche, l’étude scientifique et la transmission, des missions qui perdurent aujourd’hui.

L’intendance de Buffon

Académicien des sciences et académicien français, Georges Louis Leclerc de Buffon (1707 – 1788) est nommé intendant du Jardin du roi par Maurepas, ministre de Louis XV. Il occupe ce poste de 1739 jusqu’à sa mort en 1788 et donne une véritable impulsion au Jardin du roi. Originaire de Montbard en Bourgogne, il y gère de célèbres forges. Il vit au Jardin dans la maison qui porte son nom le reste du temps. Ce long « règne » va profondément changer la physionomie du Jardin. Il fait agrandir le Cabinet d’histoire naturelle avec l’adjonction de l’Hôtel de Magny, commande en 1787 la construction de l’amphithéâtre Verniquet et fait élever de nouvelles serres en 1788. Il double surtout la surface du jardin, successivement au sud, où la rue de Buffon est tracée en 1782 (elle porte ce nom dès l’origine), à l’est jusqu’à la Seine, au nord, jusqu’à la rue de Seine-Saint-Victor (aujourd’hui rue Cuvier). C’est grâce aux travaux menés en ce lieu que Buffon rédige son œuvre phare, l’Histoire naturelle, dont les 36 volumes sont publiés entre 1749 et 1788. Ce travail considérable lui a valu le titre de « prince des naturalistes ». Afin de mener à bien ses recherches, le comte de Buffon s’entoure de scientifiques de renom parmi lesquels Louis Jean Marie Daubenton, anatomiste, Jean-Baptiste Lamarck, père de la première théorie de l’évolution, Déodat de Delomieu, minéralogiste, André Thouin et René Desfontaine, botanistes.

La Gloriette de Buffon

Au sommet du grand labyrinthe du Jardin, implanté sur une butte située au nord-ouest de ce dernier, le visiteur trouve un kiosque de style néoclassique. Construit entre 1786-1787 sur ordre de Buffon, ce belvédère est appelé la gloriette de Buffon. Il a été réalisé d’après des dessins d’Edme Verniquet, architecte de Louis XVI, et par Claude-Vincent Mille, serrurier du Roi. C’est le plus ancien édifice métallique de Paris et l’un des plus vieux au monde. Avant-gardiste pour l’époque, il précède de 60 ans les œuvres de Victor Baltard et de plus d’un siècle les réalisations de Gustave Eiffel ! Comme dans de nombreux jardins de la capitale, aristocrates et bourgeois parisiens s’y retrouvaient, parfois masqués et costumés, pour de longues soirées de "libertinage intellectuel", débattant des dogmes et idées de l’époque.

Progressivement, l’avenir de la Gloriette est devenu plus qu’incertain : la forte fréquentation du Jardin des Plantes, la pollution et la stagnation des eaux, entre autres, ont détérioré ses décors, mais aussi fragilisé sa structure, la rendant dangereuse pour le public et obligeant le Muséum à fermer son accès. En 2016, le Muséum a lancé un appel à contribution auprès du public, amoureux du Jardin des Plantes ou passionnés d’histoire et d’architecture, pour participer à la renaissance de la Gloriette. Grâce à une mobilisation significative et après sept mois de travaux, la Gloriette a retrouvé sa splendeur d’antan. Elle accueille à nouveau le public depuis l’été 2018.

L’amphithéâtre Verniquet

En 1787-1788, Buffon fait construire, sur les dessins de l’architecte Verniquet, un bel amphithéâtre destiné aux cours dispensés par les professeurs du Jardin royal. Situé dans le jardin de l’hôtel de Magny, cet édifice de style néoclassique palladien est inscrit dans un cube dont les façades sont sobrement induites de refends, l’ensemble étant couronné par un comble bas et un lanternon de verre. Classé monument historique, cet amphithéâtre a été rénové en 2003. C’est ici que le naturaliste Jean-Baptiste Lamarck présenta pour la première fois à des étudiants sa théorie de la transformation des espèces. Une statue en bronze de Léon Fagel lui est dédiée dans le Jardin des Plantes, devant la grande entrée nord, côté Seine.

Le Jardin de 1793 à nos jours

Le 10 juin 1793, la Convention proclame l’acte la naissance du Muséum d’histoire naturelle, réunissant le Jardin royal des plantes et le cabinet d’Histoire naturelle. Lors de la séance parlementaire, le député Lakanal déclare « de tous les monuments élevés par la munificence des nations à la gloire de la science naturelle, aucun n’a mieux mérité l’attention des législateurs que le jardin des plantes ». À partir de cette date, le paysage du jardin va progressivement être modifié pour atteindre l’apparence que nous lui connaissons aujourd’hui.

L’année 1794 voit l’ouverture officielle de la Ménagerie, puis tout au long du XIXe siècle, de nouveaux bâtiments sont construits pour abriter des collections toujours plus importantes et diversifiées.

Ainsi les premières Grandes Serres sont érigées en 1834–1836 par Rohault de Fleury, précurseur de l’architecture métallique en France, et sont consacrées à la flore de Nouvelle-Calédonie. Elles seront suivies en 1937 d’un « grand jardin d’hiver » de style Art déco, œuvre de René-Félix Bergé.
En 1837 est inaugurée la Galerie de Minéralogie et de Géologie, dont le péristyle et le fronton triangulaire de l’aile droite rappellent le style grec classique.

Vue extérieure de la Galerie de Minéralogie en 1855

Gravure tirée du Journal L'illustration

Le bâtiment phare du Jardin, la Grande Galerie de l’Évolution (autrefois appelé galerie de zoologie) est édifié en 1889, quelques semaines après la tour Eiffel. C’est depuis sa façade que le jardin prend sa mesure, s’étendant sur près de 500 mètres entre deux rangées de platanes. Il est encadré à gauche par les galeries, à droite par les serres, l’école de botanique et le jardin écologique. Cette symétrie est caractéristique des jardins dits « à la française ». Au pied de la Grande Galerie se trouve l’esplanade Milne-Edwards (grand naturaliste directeur du Muséum de 1890 à 1900) dont l’élément central est une statue en bronze de Buffon réalisée en 1908 par Jean Carlus.

 Galerie de Zoologie. Vue prise de la rue Censier (vers 1885) - Fonds Pierre Petit

© MNHN - Direction des bibliothèques et de la documentation

Dix ans plus tard, en 1898 s’achève la construction de la galerie de Paléontologie et d’Anatomie comparée, puis celle de la galerie de Botanique en 1935, bâtiment de style Art déco réalisé grâce à l’aide de la fondation Rockefeller. Devant la façade de la galerie se trouve une statue intitulée Science et mystère représentant un vieillard méditant sur un œuf, métaphore du mystère de la vie (l’œuf ou la poule ?).

Enfin, de nouveaux espaces ont vu le jour au cours du XXe siècle, tel que le jardin alpin (1936), le jardin écologique (1938), véritable enclave de nature préservée au sein du Jardin des Plantes, ou encore le jardin des iris (1964).

Bibliographie :

  • DELIGEORGES, Stéphane, GADY, Alexandre, LABALETTE, Françoise, Le Jardin des plantes et le Muséum nation d’histoire naturelle, Paris, Éditions du patrimoine, 2004
  • GOIX, Emmanuelle, LECOINTRE, Guillaume, SAINT JALME, Michel, La Ménagerie, le zoo du Jardin des Plantes, le guide, Paris, Les éditions du Muséum, 2018
  • LAISSUS, Yves, Le Muséum national d’histoire naturelle, Paris, Découvertes Gallimard, 1995
  • LAVAQUERIE-KLEIN, Christiane, PAIX-RUSTERHOLTZ Laurence, Objectif Muséum, Le guide des visites en famille, Paris, Actes Sud Junior, 2019
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