Gobemouche gris
Muscicapa striata Pallas
Repérer le Gobemouche gris est un bon exercice pour l’ornithologue amateur soucieux d’affûter son sens de l’observation !
Un voltigeur discret
En effet, ce petit passereau est si discret que l’apercevoir est un défi : son cri bref, sans cesse répété, est peu audible à distance. Son plumage beige grisâtre est sans fioriture, à l’exception de quelques taches sombres rayant le fond clair de sa gorge, de sa poitrine et de ses flancs. Enfin, sa nidification se déroule dans l’ombre, à l’insu de tous ou presque, à la fin du printemps.
Un habile chasseur
Cet insectivore est toutefois trahi par son vol de chasse, acrobatique et rapide : à partir d’un perchoir élevé, il s’élance subitement pour capturer les insectes dont il se nourrit, en agitant nerveusement les ailes. Les claquements secs de son bec signent la capture des mouches, papillons, moustiques, guêpes et autres libellules qui croisent sa route. Il est même capable d’effectuer un court vol stationnaire pour mieux attraper ses proies.
Entre migration et surveillance du nid
Malgré sa petite taille, le Gobemouche gris est un grand migrateur. Il rentre assez tard d’Afrique tropicale, où il passe la mauvaise saison. Son retour début mai est rapidement suivi par la construction du nid où la femelle pondra quatre ou cinq œufs qui écloront 13 jours plus tard. Le Gobemouche a une faculté remarquable : contrairement à de nombreux autres oiseaux, il est capable de faire la différence entre ses propres œufs et des œufs ne lui appartenant pas, dont il se débarrasse. Un avantage non négligeable lorsqu’il s’agit de lutter contre un certain Cuculus canorus, plus connu sous le nom de Coucou gris, qui n’aime rien tant que pondre ses œufs dans les nids des autres ! Il semble d’ailleurs que le Gobemouche gris soit devenu si performant dans la détection des œufs du Coucou que ce dernier ait dû s’orienter vers d’autres victimes, comme le Rougegorge ou l’Accenteur mouchet…
Le Gobemouche menacé
Malheureusement, d’autres dangers pèsent sur le Gobemouche, dont la population diminue partout en Europe, pour de multiples raisons : déboisement, abaissement de l’âge d’exploitation des arbres, emploi massif de pesticides en agriculture, dégradation des habitats hivernaux (terribles sécheresses affectant le Sahel depuis plusieurs décennies)… Une situation qui rend sa présence sur le site du Jardin des Plantes d’autant plus précieuse. Il est, avec la Fauvette grisette, l’une des deux espèces d’oiseaux menacées visibles aux alentours du Muséum.
Sa fiche sur le site de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel