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Le secret des roses

Derrière l’étonnante variété de roses se cache un savoir-faire méconnu : le métier de rosiériste.

Clémence Dechezelle, responsable de la Roseraie du Jardin des Plantes, nous parle de cet art délicat dont les fleurs inspirent l’amour.

En quoi consiste le métier de rosiériste ?

Le rosiériste est un obtenteur, qui sélectionne et hybride différentes espèces de roses pour créer de nouvelles variétés, aussi appelées des « cultivars ».

Ce travail d’hybridation est à distinguer du bouturage qui consiste à multiplier une même espèce.

Comment faire une hybridation ?

Au moment de la floraison des rosiers au printemps (de mai à juin), choisissez d’abord un rosier père et rosier mère.

Il faut ensuite reproduire le travail de pollinisation de l’abeille !

Sur le rosier père :

  • 1. Prendre un bouton qui n’a pas éclos ; le déshabiller, c’est-à-dire enlever délicatement les pétales ; faire « cracher » le pollen : récolter les minuscules grains produits par les étamines (organe mâle d’une plante à fleurs) ; conserver ce pollen dans un récipient fermé.

Sur le rosier mère :

  • 2. Prendre un bouton qui n’a pas éclos ; le déshabiller ; enlever les étamines afin d’éviter l’autofécondation (castration de la rose).
  • 3. Déposer le pollen de votre récipient sur le pistil (organe femelle d’une plante à fleurs) du bouton du rosier mère. Ce travail délicat s’effectue au pinceau !
  • 4. Recouvrir d’un sachet Craft. Au bout de 2 semaines, on observe un gonflement du réceptacle floral : le fruit est déjà en formation.
  • 5. En octobre, récupérer le « faux-fruit » de la rose, le cynorrhodon, qui aura donné des graines : les akènes ; les conserver dans un endroit à l’abri de la chaleur et de l’humidité pour les semer l’année suivante, en février.
Déshabillage d'un bouton de rose à la main.

Déshabillage de la rose

© MNHN
Castration d'une rose, c'est à dire en enlever les étamines.

Castration de la rose

© MNHN
Une rosiériste dépose du pollen sur le pistil d'une rose à l'aide d'un pinceau.

Dépose du pollen sur le pistil du rosier femelle

© MNHN

Le saviez-vous ?

Une fleur de rosier est à la fois mâle et femelle. Pour les croisements, il faut utiliser le pistil d’une variété, et l’étamine d’une autre variété.

S’armer de patience !

Entre la période de semis et la floraison, il va se passer au moins six ans. C’est le temps nécessaire pour voir fleurir une nouvelle variété.

Pour les rosiéristes, il faut ensuite compter dix à quinze ans avant d’envisager l’obtention d’une variété de rose en vue de sa commercialisation. En effet, dès les premières floraisons des jeunes pieds, le rosiériste va sélectionner rigoureusement au fil des ans ceux dont il souhaite affirmer les caractères.

La sélection se fait sur les critères suivants : floribondité, résistance aux maladies, esthétique de la fleur, parfum, qualité de la remontance (la capacité d'une plante à fleurir plus d'une fois au cours d'une saison).

Sur plusieurs milliers de combinaisons - et le double de semis par an - l’obtenteur ne va conserver qu’une dizaine de roses !

Comme pour l’œuvre d’un artiste, la rose sélectionnée est ensuite éditée et fait l’objet d’un contrat de licence pour être protégée de la copie (licence valable 21 ans).

Le saviez-vous ?

Deux parents parfumés ne vont transmettre que 10 % de leur parfum à leur descendance. Le parfum des roses s’est beaucoup perdu au fil des hybridations.

La rosiériste du Jardin échange avec des visiteurs.

Rosiériste - Jardin des Plantes de Paris

© MNHN
Portait de Clémence Dechezelle, rosiériste au Jardin des Plantes de Paris.

Clémence Dechezelle, rosiériste - Jardin des Plantes de Paris

© MNHN