Histoire de la Grande Galerie de l’Évolution

L’histoire de la Grande Galerie de l’Évolution trouve son origine en 1626 avec la création du Jardin royal des plantes médicinales transformé en Muséum d’Histoire naturelle après la Révolution française.Les collections d’histoire naturelle uniques au monde progressivement constituées sont présentées d’abord au Cabinet d’histoire naturelle, puis dans des galeries thématiques. La Galerie de Zoologie sera quant à elle ouverte en 1889 et fermée en 1965. La mobilisation du Muséum aboutira en 1994 à sa rénovation en Grande Galerie de l’Évolution.

Du cabinet du roi à la Galerie de Zoologie

En 1626, Louis XIII décide de moderniser l’enseignement de la médecine à Paris. Pour cela, il achète un terrain pour les cultures des plantes médicinales, ainsi que des bâtisses pour l’enseignement et pour un Cabinet des drogues et de « toutes choses rares en la nature ».

Le laboratoire de chimie et le droguier du Jardin (1676) - Sébastien Leclerc (1637-1714)

© MNHN - Direction des bibliothèques et de la documentation

Le Jardin Royal des Plantes médicinales ouvre en 1640. En 1718, il perd sa fonction strictement médicale et devient le Jardin du Roi. En 1729, le Cabinet prend le nom de Cabinet d’Histoire naturelle et les collections qu’il contient, sont à l’origine des collections du Muséum.

Sous l’impulsion de Buffon qui dirige l’établissement de 1739 à 1788, le jardin devient un établissement scientifique sans égal en Europe. L’ambition est de connaître toujours plus les « productions de la nature » et de rechercher des normes de classification. Grâce aux dons, achats, échanges et campagnes de collecte réalisées à travers le monde par les voyageurs naturalistes, les collections du Jardin du Roi deviennent les plus riches d’Europe et imposent des réaménagements et agrandissements du Cabinet. Leur présentation suit un découpage en trois règnes – animal, végétal minéral.
Le 17 juin 1793, le Décret de la Convention crée le Muséum d’histoire naturelle et consacre une « République des professeurs » avec douze chaires professorales.

Avec l’augmentation du nombre de spécimens, l’amélioration des techniques de conservation et l’ouverture au public, le problème de stockage devient de plus en plus crucial. Des discussions houleuses sur l’organisation du Cabinet aboutissent à quelques déménagements : celui des collections d’anatomie comparée et de paléontologie dans un bâtiment temporaire et celui des collections de Minéralogie dans la toute première galerie construite en France en 1840 pour devenir un musée. Le cabinet d’histoire naturelle n’abrite alors plus que les collections de zoologie. Mais malgré les extensions et déménagements, le cabinet ne peut plus accueillir la totalité des collections de zoologie : la construction d’une nouvelle galerie de zoologie est décidée en 1877.

Cabinet d'histoire naturelle. À Paris, chez Jean, Rue St Jean de Beauvais

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Plan du Jardin des Plantes à son origine

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La nouvelle galerie de zoologie

Il faut 12 ans pour construire le bâtiment dessiné par l’architecte du Muséum, Jules André. Ses façades extérieures sont caractéristiques de l’architecture officielle de la fin du 19e siècle, en revanche l’intérieur reflète une parfaite maîtrise de l’architecture métallique : une grande nef centrale éclairée par une vaste verrière zénithale et structurée par de fines colonnes en fonte.

Galerie de Zoologie - Fonds Pierre Petit

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Mais ce bâtiment ne sera jamais fini. En effet, l’ancien Cabinet d’Histoire naturelle qui devait être détruit pour permettre la construction de la dernière façade de la Galerie de Zoologie, subsiste jusqu’aux années 1960 entre la nouvelle galerie et la rue Geoffroy Saint-Hilaire. Aujourd’hui, à son emplacement se trouvent les réserves de la Bibliothèque Centrale du Muséum.

La Galerie de Zoologie est inaugurée en juillet 1889 et présente plus d’un million de spécimens organisés selon la classification systématique. Une presse enthousiaste salue le mariage de la science et du spectacle.

Au rez-de-chaussée, dans un hall immense, se trouvent les plus grands animaux (…) regroupés d’une façon originale et artistique que l’on n’est pas habitué à rencontrer dans les collections d’histoire naturelle (…) Cette fois on a cherché, autant que possible à faire décoratif et on a réussi. Dans ce grand espace, baigné par la lumière qui tombe à flots du plafond de vitrage et qui éclaire comme en plein air, les animaux empaillés donnent pour un moment l’illusion de la vie…

Alexis Lemaitre, « L'institut de France et nos Grands Établissements Scientifiques » (1896)

Après la seconde guerre mondiale, le Muséum ne parvient pas à moderniser les présentations de la galerie et à soutenir son entretien tout en maintenant l’activité scientifique des laboratoires de recherche. Ainsi la galerie, dont les collections ont continué de croître depuis son ouverture, doit être fermée au public pour des raisons de sécurité en 1966. La verrière endommagée lors de la Libération de Paris par des éclats d’obus est recouverte en 1966 d’un toit en zinc qui protège les collections des intempéries et de la lumière.
C’est le début d’un long sommeil.

 Galerie de Zoologie. Vue prise de la rue Censier (vers 1885) - Fonds Pierre Petit

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Galerie de Zoologie en 1892 - Fonds Pierre Petit

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Galerie de Zoologie en 1892, grand hall. Squelette de la baleine bleue - Fonds Pierre Petit

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Galerie de Zoologie en 1892. 2e étage. Vitrines d'entomologie - Fonds Pierre Petit

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Galerie de Zoologie en 1890. 1er étage. Salle des poissons - Fonds Pierre Petit

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La rénovation de la galerie : la Grande Galerie de l'Évolution

Avant la fermeture de la galerie et jusque dans les années 1980, des chercheurs de l’établissement notamment Francis Petter, Jean Dorst et Claude Lévi se mobilisent pour alerter les médias et les pouvoirs publics. Pour remettre en état la galerie, ils font des propositions qui s’organisent autour de la zoologie, mais on voit également poindre l’écologie liée à la montée des problématiques environnementales et l’évolution des espèces.

En 1986, une vaste réserve, la zoothèque, permet le rangement des collections entreposées jusque-là dans la galerie. La même année, lors d’une large consultation des chercheurs de l’établissement initiée par le directeur du Muséum, Philippe Taquet, le thème de l’Évolution apparaît comme le plus fédérateur pour les nouvelles présentations de la galerie. Peu après, le premier synopsis de la galerie est écrit par Michel van Praët qui renverse l’approche strictement pédagogique et didactique développée dans les musées à l’époque et met en avant le principe d’un musée d’objets/musée d’idées.

En 1987, une équipe de coordination chargée d’écrire le programme muséologique de la galerie est créée : c’est la cellule de préfiguration de la Galerie de l’Évolution, dirigée par M. Van-Praët.

En février 1988, le jury international pour le concours d’architecture choisit, parmi les six équipes en compétition, le projet de Paul Chemetov, Borja Huidobro, Ponthus Hulten et René Allio.

En Juillet 1989, la maîtrise d’ouvrage du projet est confiée au Secrétaire d’Etat chargé des Grands Travaux, Émile Biasini.

Le chantier est ouvert en avril 1991. Le 21 juin 1991, les grands mammifères qui n’avaient pas rejoint la zoothèque du fait de leur taille, quittent la galerie sous une pluie battante. Ils seront restaurés comme la plupart des animaux choisis pour illustrer le propos scientifique de la galerie.

Construction de la zoothèque au Jardin des Plantes en 1981

Construction de la zoothèque en 1981

© MNHN - B. Faye

En 3 ans, un millier d’animaux ont été restaurés par les taxidermistes : 350 mammifères, 500 oiseaux, plus d’une centaine de reptiles, de poissons et amphibiens.

La galerie commence alors sa spectaculaire métamorphose. Le projet des architectes prévoit une entrée dans l’axe longitudinal de la nef. Pour cela, il faut détruire la galerie de Vénus ce qui offre à la galerie sa seule source de lumière naturelle. Ensuite la nef est creusée pour créer deux niveaux supplémentaires ; il s’agit de l’une des étapes les plus délicates du chantier. Cette excavation met au jour des fondations en pierre de meulière et des arcatures insoupçonnées. Le comblement de la nef est ensuite réalisé avec une structure métallique contemporaine qui dialogue avec l’architecture en fonte du XIXe siècle.

Retour des animaux naturalisés après la restauration de la Galerie

© MNHN - L. Bessol

Retour des animaux naturalisés après la restauration de la Galerie

© MNHN - B. Faye

La scénographie de la galerie est confiée à René Allio qui avec les architectes, prône l’« Allusion plutôt que illusion ». Il définit les principes fondamentaux qui respectent les idées scientifiques portées par la Grande Galerie de l’Évolution : une scénographie de notre temps (pas de représentation de la nature sous forme de dioramas), une esthétique du vide et du plein, des parois animées, entièrement machinées.

La Grande Galerie de l’Évolution a été inaugurée le 21 Juin 1994 par François Mitterrand.

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