Martin pêcheur
Alcedo atthis Linné
Malgré la proximité de la Seine, voici un oiseau que l’on ne s’attend pas à trouver à Paris ! Pourtant, le Martin pêcheur se fait bien voir avec son gai plumage.
Un Martin qui n’a pas volé son nom
Habitué des rivières et des eaux calmes et peu profondes, le martin pêcheur n’est pourtant pas un oiseau aquatique au sens strict, puisqu’il n’y nage pas. L’eau occupe toutefois une place importante dans son mode de vie : comme son nom l’indique, les poissons constituent l’essentiel de ses repas. Chabots, vairons, loches, ombres, barbeaux, épinoches ont sa préférence, mais il lui arrive aussi de capturer vandoises, ablettes, carpes, chevaines, brochets, truites ou perches de rivière… Un menu complété par des crustacés d’eau douce (gammares), des insectes (coléoptères, libellules) et des batraciens.
Chasse du Martin pêcheur
À l’affût sur un perchoir ou bien en court vol stationnaire, le martin pêcheur guette ses proies avant de plonger sur elle, presque à la verticale. C’est ce piqué qui assure la réussite de la capture. La proie, surprise, n’a pas le temps de réagir. L’oiseau la saisit dans son bec puissant, ressort de l’eau (dont il est préservé grâce à ses plumes courtes, denses et imperméables) puis l’emporte rapidement vers son perchoir, où il l’assomme en la frappant vigoureusement contre une branche.
Le martin pêcheur avale ensuite le poisson dans le sens de la longueur, tête la première, de façon à ce que les nageoires n’opposent aucune résistance. Les arêtes, non digérées, seront évacuées plus tard, sous forme de pelote de réjection. Si la victime se présente dans le mauvais sens, il la lance adroitement en l’air pour la rattraper dans la bonne position. C’est également tête la première que le mâle présentera ses offrandes poissonnières à la femelle pendant la période nuptiale, au fond du tunnel qui héberge le nid. Creusé dans les parois des berges par les deux conjoints, il abritera jusqu’à deux couvées, entre avril et juillet. Le mâle est très territorial, et il défend âprement son territoire, consistant généralement en une portion de rivière d’environ un kilomètre de long.
Iridescent, et pourtant difficile à voir !
La silhouette typique du Martin pêcheur est aisément reconnaissable, avec son corps compact, sa queue et ses pattes réduites, sa grosse tête posée sur un cou très court et prolongée par un solide bec pointu. Outre ce corps taillé pour la pêche en piqué, les couleurs du Martin pêcheur sont également très caractéristiques : tête d’un bleu-vert un peu plus foncé que le corps, rehaussée, sous l’œil, d’une ligne rousse rejoignant les tempes, menton, gorge et tache du cou blancs, poitrine rousse… De beaux contrastes, sur lesquels le promeneur n’a malheureusement pas le temps de s’extasier. En effet, malgré ses petites ailes, le Martin pêcheur peut atteindre les 80 km/h ! Autant dire que bien souvent, il ne laisse à l’observateur amateur que le souvenir d’un éclair coloré et iridescent…
Nuances et camouflage du Martin pêcheur
Les couleurs Martin pêcheur ont d’ailleurs une particularité : selon l’incidence de la lumière, le bleu métallique de son plumage prend différentes nuances. Ces reflets, qui constituent un excellent camouflage lorsqu’il file au ras de l’eau, ne sont pas dus à un pigment (contrairement à la couleur rousse de son ventre, liée au carotène) mais à phénomène purement physique. En effet, le pigment qui colore ces plumes particulières est en réalité brun sombre ! Les reflets bleus changeants sont dus à des interférences entre les différentes des longueurs d’ondes de la lumière, réfléchie et décomposée par la structure des plumes du petit oiseau.
Le Martin pêcheur n’est pas le seul animal à posséder ce genre de coloration dite "structurale" : c’est également le cas de nombreux insectes (notamment certains coléoptères tels que la chrysomèle fastueuse Chrysolina fastuosa), de certains poissons comme l’ablette Alburnus alburnus (dont les égailles sont réduites en poudre pour enrober les perles synthétiques), ou d’autres oiseaux comme le paon bleu (Pavo cristatus), la pie bavarde (Pica pica) ou même le pigeon biset (Columba livia).
Sa fiche sur le site de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel