Définition

Qu’est-ce qu’un dinosaure ?

Les dinosaures sont un groupe de reptiles apparu il y a 230 à 240 millions d’années au Trias, durant le Mésozoïque. Ces animaux se sont beaucoup diversifiés et peuplaient la Terre en très grand nombre : ils étaient bipèdes ou quadrupèdes, mesuraient de quelques dizaines de centimètres à plusieurs dizaines de mètres, certains étaient dotés de plumes, de cornes ou de gigantesques griffes. Ils disparurent presque entièrement à la fin du Crétacé il y a 66 millions d’années.

Une famille très diversifiée

Les dinosaures ont dominé la Terre durant des millions d’années. Ils ont évolué avec beaucoup de diversité, devenant des prédateurs, des herbivores ou des charognards. Les conditions sur Terre étaient telles que des dinosaures de toutes tailles se sont développées, du nanisme au gigantisme ! Les sauropodes, tels que Brachiosaurus ou le Diplodocus, se sont entre autres démarqués par leur grand cou.

Quelles sont les familles de dinosaures ?

Au sein des dinosaures, il existe de nombreuses lignées et des groupes différents, répartis en deux grandes familles.

Une histoire de bassins

Pour différencier les deux grandes familles de dinosaures, les scientifiques se fondent essentiellement sur la forme de leur bassin, et plus précisément sur l’orientation d’un des os qui le compose, le pubis. Et cette orientation différente donne même leur nom à ces deux familles : les ornithischiens – ou "dinosaures à bassin d’oiseau" – ont le pubis orienté vers l’arrière comme chez les oiseaux actuels, tandis que les saurischiens – ou "dinosaures à bassin de reptile" – ont un pubis orienté vers l’avant à la façon des crocodiles et lézards d’aujourd’hui.

Triceratops (Triceratops horridus)

© MNHN - A. Iatzoura

Les ornithischiens

Au sein de ce groupe, on ne retrouve que des herbivores. On compte parmi eux :

  • Les ornithopodes, dont le nom signifie "pieds d’oiseau". Ils avaient une queue rigide et un bec corné qu’on appelle parfois "bec de canard". Ces dinosaures pouvaient avoir des dents en batterie leur permettant de broyer les feuilles dont ils se nourrissaient. Les plus grands étaient principalement quadrupèdes mais tout de même capables de se dresser sur leurs pattes arrière à la façon des bipèdes. Iguanodon, d’environ 10 mètres de long, est l’un des plus célèbres ornithopodes et aussi l’un des premiers dinosaures à avoir été décrit.
  • Les marginocéphales, dont le nom peut se traduire par "tête ornée", regroupent de nombreux dinosaures aux crânes très caractéristiques : les cératopsiens avec leurs grandes cornes et collerettes ou encore les pachycéphalosaures avec leur crâne très épais et armé de pointes plus ou moins émoussées. Triceratops est l’un des plus célèbres cératopsiens avec sa tête à trois cornes qui lui donne son nom et ses 9 mètres de long.
  • Les thyréophores, dont le nom indique qu’ils "portent un bouclier", étaient des quadrupèdes d’un à dix mètres de long au dos cuirassé ou protégé de larges plaques appelées ostéodermes. C’est parmi eux que l’on retrouve les célèbres Stegosaurus, Ankylosaurus et bien d’autres.
Tyrannosaurus rex

Tyrannosaurus rex

© Marten van Dijl - Naturalis

Les saurischiens

Les saurischiens regroupent à la fois des herbivores et des carnivores. C’est notamment parmi ces formes carnivores que l’on va retrouver l’origine des oiseaux actuels.

  • Les théropodes étaient tous exclusivement bipèdes et carnivores. On trouve parmi eux de très célèbres dinosaures tels que Tyrannosaurus rex, Allosaurus, et … nos oiseaux actuels, qui trouvent plus précisément leur origine auprès de groupes également très connus comme Velociraptor.
  • Les sauropodomorphes englobent des dinosaures exclusivement herbivores et qui comptent dans leurs rangs les plus grands organismes ayant foulé la terre ferme avec une taille pouvant aller jusqu’à une quarantaine de mètres de long. Diplodocus et Brachiosaurus sont parmi les plus connus d’entre eux.

Au sein de ces groupes, la classification des dinosaures évolue beaucoup : c’est tout le travail de la recherche en paléontologie qui, pour ce qui est des dinosaures, s’écrit depuis maintenant plus de 200 ans, depuis les toutes premières descriptions de Megalosaurus et Iguanodon.

Spécificités des dinosaures

Les dinosaures sont les seuls reptiles à avoir une position dite "érigée", c’est-à-dire avec des membres réunis sous le corps et non situés latéralement comme chez les reptiles actuels tels que les crocodiles ou lézards. D’autres caractères squelettiques existent pour les différencier du reste des reptiles, mais ils sont bien moins évidents. La furcula en revanche, un os de la ceinture pectorale, est facilement identifiable.

La fusion des clavicules

Chez les oiseaux, la furcula ou "fourchette" – qu’on appelle habituellement "l’os des vœux" ou "os du bonheur" et que l’on se partage quand on coupe un poulet – est le résultat de la fusion des clavicules. Or si l’on a pensé pendant longtemps qu’il s’agissait d’une caractéristique propre aux oiseaux uniquement, on connait aujourd’hui cet os particulier chez certains dinosaures, plus particulièrement les théropodes. Les oiseaux auraient donc simplement hérité de cette caractéristique déjà présente au Mésozoïque chez certains de leurs plus proches cousins au sein des dinosaures, ce qui prouve bien leur lien de parenté.

La fin des dinosaures

La domination des reptiles géants pris fin avec une grande extinction à la fin du Crétacé, causée par l’accumulation de phénomènes dévastateurs pour la biodiversité : la chute d’une météorite de 15 kilomètres de diamètre sur Terre1, un volcanisme important, une baisse du niveau des mers. Suite à ces évènements, les conditions de vie ont changé : pluies acides, feux, changements climatiques, etc. Les dinosaures sont alors victimes de leur succès passé, se montrant incapables de s’adapter aussi rapidement à ce nouveau milieu apparu si rapidement. Ils disparaissent alors tandis que les lézards, serpents, tortues et crocodiles survivent. Parmi les autres survivants à cette catastrophe, les mammifères vont sortir gagnants en profitant de la disparition des dinosaures pour coloniser les niches écologiques laissées vacantes et à leur tour se diversifier énormément jusqu’à atteindre leur succès actuel.

Il n’est toutefois pas tout à fait juste de dire que les dinosaures ont disparu ! En effet, seuls ceux inaptes au vols – les dinosaures non-aviens – disparaissent alors. Mais les dinosaures aviens eux, que l’on appelle plus simplement les oiseaux, sont toujours parmi nous ! En tant que rescapés de cette crise de la fin du Crétacé, nos oiseaux modernes sont donc bien la preuve que seule une partie des dinosaures a disparu à cette époque.

  • 1Cet astéroïde est celui tombé dans la péninsule du Yucatán au Mexique. Il a formé le cratère de Chicxulub il y a environ 66 millions d'années. Il mesure presque 180 km de diamètre, ce qui laisse imaginer la violence de l'impact.

Qu’est-ce que la crise K/T ?

Cette abréviation correspond à l’extinction ayant eu lieu entre le Crétacé (K) et le Paléogène, que l’on appelait autrefois Tertiaire (T). Cet événement survenu il y a 66 millions d’années marque un basculement dans la diversité des faunes terrestres, avec un passage de relai entre les dinosaures non aviens et les mammifères en tant que groupe de grands vertébrés dominants. 

Cette crise K/T est la 5e crise majeure de l’histoire de la vie. Parmi les quatre autres, celle survenue il y a 250 millions d’années entre le Permien et le Trias fut d’ailleurs sûrement, elle aussi, le point de départ du succès des dinosaures durant le Mésozoïque. Leurs ancêtres ayant en effet réussi à survivre à cette extinction de masse qui fut pourtant la plus importante de toute l’histoire du Vivant, c’est à la suite de cette crise que les dinosaures sont apparus puis ont pu se diversifier jusqu’à dominer les faunes terrestres, avant d’être aux mêmes victimes d’une extinction majeure. 

Découverte des dinosaures

Iguanodon bernissartensis

Iguanodon bernissartensis

© MNHN - B. Faye

Si la première illustration d’un fossile de dinosaure remonte à 1677 en Angleterre, cette pièce fut alors interprétée comme le reste d’un des géants mentionnés par la Bible. Il faut ensuite attendre les années 1820 pour voir les premières découvertes et descriptions de "grands lézards fossiles", toujours en Angleterre, avec Megalosaurus par William Buckland et Iguanodon par Gideon Mantell.

Mais ce n’est qu’en 1842 que le zoologiste et paléontologue anglais Richard Owen invente le mot "dinosaure" – du grec ancien δεινός (deinόs) "terrible" ou "terriblement grand" et σαῦρος (saûros) qui signifie "lézard" – pour rassembler ces découvertes de grands reptiles fossiles qui attisaient la curiosité des scientifiques. Bien que les restes connus à l’époque n’appartiennent alors qu’à trois groupes (Megalosaurus, Iguanodon, Hylaeosaurus), cela n’empêche pas le scientifique d’y voir des caractères communs comme les membres érigés et ainsi de justifier leur nouvelle dénomination de "lézards géants".

De grands dinosaures très célèbres

Il semble que les groupes d’animaux s'éteignent deux fois : une fois quand ils meurent, et une seconde quand ils sont oubliés par la mémoire collective. Certaines populations ne se souviennent pas d’animaux qui vivaient là il y a 100 ans, mais heureusement, ce ne sera pas le cas pour les dinosaures ! À leur découverte, les dinosaures provoquent l’émerveillement du public. Il faut dire qu’à cette époque, des mythes liés aux dragons circulaient largement et que dans l’imaginaire commun se rencontraient voire se mélangeaient légende et réalité.

À l’écran

Après un relatif oubli, le XXe siècle marque un regain d’intérêt fort pour les dinosaures, ainsi que l’arrivée de ces grands animaux dans la pop-culture. Certains ont grandi avec Denver le dernier dinosaure, tandis que le Velociraptor devint extrêmement célèbre grâce à Jurassic Park, réalisé par Steven Spielberg en 1993. Pour les plus jeunes, l’Âge de Glace 3 : Le Temps des dinosaures propose une version animée de ces gigantesques reptiles.

Et dans les mythes ?

Cela ferait longtemps que les dinosaures inspirent les mythes humains. Par exemple, le Protoceratops possède les mêmes attributs anatomiques que le griffon, animal légendaire en Eurasie. Une chercheuse américaine, Adrienne Mayor, a ainsi émis l’hypothèse que des fossiles de Protoceratops auraient influencé la description physique de l’animal légendaire : l’un et l’autre possèdent en effet un bec, des os crâniens qui font penser à des oreilles, de larges épaules qui font penser à des ailes, etc. L’influence des dinosaures serait donc bien plus ancienne qu’il n’y paraît !

Des dinosaures … à plumes ?

A l’instar de ce que l’on voit dans les films ou documentaire récents comme les Jurassic World ou Planète préhistorique et même si cela peut parfois paraître incongru, les scientifiques considèrent aujourd’hui que les dinosaures à plumes étaient nombreux !

Si les plus anciennes plumes avérées chez les dinosaures remontent au Crétacé inférieur il y a entre 120 et 130 millions d’années, il est en réalité difficile de dater précisément leur apparition qui pourrait remonter au Trias selon certains chercheurs. Pour autant ces premières plumes devaient être très différentes de celles que nous connaissons aujourd’hui, se rapprochant plus d’un simple duvet permettant probablement de réguler la température corporelle. Par la suite, ce duvet aurait évolué en plumes pouvant même être colorées, pour un enjeu social ou sexuel, comme chez les oiseaux actuels où elles servent notamment pour les parades nuptiales.

Découverte des plumes chez les dinosaures

C’est en 1996 qu’on découvre pour la première fois des dinosaures à plumes. Cela a clôt un débat de 150 ans qui cherchait à déterminer la relation exacte unissant ou non les oiseaux actuels aux dinosaures : Apparue chez eux, la plume serait donc un caractère propre aux dinosaures faisant ainsi de nos oiseaux actuels leurs derniers représentants modernes.

On connaît aujourd’hui une vingtaine de genres de dinosaures (majoritairement des théropodes) ayant eu des plumes de façon avérée : on a pu retrouver sur ces fossiles des empreintes ressemblant à des plumes, alors même que leur squelette prouvait bien qu’ils n’étaient pas des oiseaux. De façon plus indirecte, d’autres genres de dinosaures comme Velociraptor révèlent des marques sur leurs os des avant-bras semblables aux attaches de plumes des oiseaux actuels.

La rareté des fossiles

Il est important de rappeler que s’il existe encore beaucoup de zones d’ombre aujourd’hui vis-à-vis des dinosaures, c’est notamment parce que la fossilisation est un phénomène nécessitant des conditions physico-chimiques extrêmement particulières et donc rares. Un enfouissement rapide du corps de l’animal pour le protéger tout à la fois des charognards et des intempéries est un impératif. C’est pourquoi les organismes emportés par un courant sont souvent mieux conservés : en se déposant au fond de l’eau, ils sont plus à même d’être rapidement recouverts par les sédiments. Les fossiles quels qu’ils soient – c’est-à-dire de dinosaures mais pas seulement – doivent donc être pris pour ce qu’ils sont : un simple aperçu de la biodiversité passée dont il est difficile d’extrapoler de trop grandes généralités.

Trouve-t-on encore des dinosaures ?

Depuis le début des années 2000, environ 45 nouvelles espèces de dinosaures sont décrites chaque année, avec une très grande variété de morphologie, taille et qualité de préservation : certains peuvent être décrits à partir de squelettes quasiment complets là où d’autres ne sont conservés qu’au travers de quelques rares éléments désarticulés. Sur le millier d’espèces de dinosaures ayant été décrites, on estime ainsi que 700 seulement seraient "valides", c’est-à-dire réelles : les autres seraient le résultat d’une mauvaise interprétation ou de doublons à cause précisément d’un matériel trop incomplet. C’est aussi pour cela que toutes les découvertes ne se font pas sur le terrain mais parfois aussi dans les musées, tout simplement en réinterprétant du matériel ancien à la faveur de nouvelles méthodes d’investigations !

Article rédigé en octobre 2023. Remerciements à Florent Goussard, ingénieur en imagerie 3D appliquée aux sciences naturelles, pour sa relecture et sa contribution.

Le Crétacé dans l'histoire de la vie

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