Le Jurassique, une évolution sur mesure

Deuxième période de l’ère Mésozoïque, le Jurassique voit les dinosaures dominer la terre ferme. C’est aussi le moment de l’apparition des premiers oiseaux.

Au Jurassique, un nouvel équilibre

Deux grands dinosaures au cou long, capables d'atteindre la cime des arbres pour en manger les feuilles.

Ces apatosaures sont des sauropodes une famille de dinosaures apparue au Jurassique, connus pour leurs longs cous et leurs très grandes tailles, comme le célèbre Diplodocus.

© D. Eskridge - stock.adobe.com

Le Jurassique est la période couramment associée aux dinosaures, notamment depuis la sortie des films Jurassic Park et Jurassic World. Si à cette époque certains dinosaures célèbres, comme les tyrannosaures et les tricératops, n’étaient pas encore apparus, c’est bien au Jurassique que débute le règne des dinosaures sur les écosystèmes terrestres, alors que d’autres reptiles dominent les airs et les environnements marins.

La crise Trias-Jurassique permet l’essor des dinosaures

Avant le Jurassique, au Trias, les dinosaures ne sont qu’un groupe de reptiles parmi d'autres. Mais il y a près de 200 millions d’années, la Terre connait une crise majeure, notamment induite pas un intense volcanisme lié à l’ouverture de l’Atlantique. De nombreuses espèces marines et terrestres s’éteignent, et les faunes s’en trouvent bouleversées.

Reptile marin avec un très long cou

Plesiosaurus dolichodeirus a donné son nom au groupe des Plésiosaures. Ceux-ci ne sont pas des dinosaures, mais l’un des groupes de reptiles marins qui règnent sur les mers du Mésozoïque.

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Ce n'est qu’après cette crise que les dinosaures s'imposent sur les écosystèmes terrestres libérés de nombreux concurrents, alors que les ptérosaures (des reptiles volants) continuent de dominer les cieux et que les reptiles marins poursuivent leur diversification dans les mers et océans.

Les plus célèbres groupes de dinosaures apparaissent au Jurassique. Mais les continents sont également peuplés de nombreux animaux qui vivent dans l’ombre des reptiles géants, au milieu d’une végétation très différente de celle que nous connaissons aujourd’hui.

Le Jurassique dans l'histoire de la vie

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Hadéen

Hadéen

Il y a 4,6 milliards d’années, la Terre achève sa formation. Débute alors la première ère géologique : l'Hadéen. Le noyau de notre planète se forme et la lune apparait, probablement à la suite d'un impact entre la Terre et une proto-planète nommée Théia.

La croûte terrestre commence sa formation, et la température à la surface de la planète baisse progressivement. Il y a 4 milliards d’années, à la fin de l'Hadéen, les conditions nécessaires à l'émergence de la vie sur Terre seront réunies.

Notre dossier sur l'Hadéen
Archéen

Archéen

Il y a 4 à 2,5 milliards d'années, la croûte terrestre continue de se former sous l’action d'un volcanisme intense. Plus tard, dans les océans très chauds, les premières bactéries et algues apparaissent. Leur photosynthèse produit alors du dioxygène, déchet toxique auquel le reste du vivant s'adaptera par la suite.

Certaines colonies de cyanobactéries sont organisées en tapis microbiens qui forment de grandes structure minérales appelées stromatolites. Ces structures sont les plus anciennes traces de vie connues.

Sur la frise : un stromatolite et une colonie d'algues, productrices d'oxygène.

Notre dossier sur l'Archéen
Protérozoïque

Protérozoïque

Au protérozoïque, du grec signifiant « avant l'animal », l'atmosphère se charge de l'oxygène produit dans les océans. A la suite d'un brusque refroidissement, les algues se diversifient sur les fonds marins et les animaux pluricellulaires apparaissent, tels que les méduses et des petits animaux munis de coquilles.

Sur la frise : un Dickinsonia (animal à corps mou) un Cloudinidae (animal à coquille) et une méduse.

Paléozoïque

L'ère Paléozoïque

Au paléozoïque, de nombreuses groupes d'espèces animales et végétales apparaissent et conquièrent tous les milieux. L’apparition d’animaux pourvus de squelettes minéralisés internes ou externes a facilité leur fossilisation et donc la préservation de spécimens jusqu’à nos jours.

Nos dossiers sur l'ère Paléozoïque
Cambrien

Cambrien

Au Cambrien, la formidable diversification de la vie démarrée au Protérozoïque se poursuit et s’accélère avec le développement de structures minéralisées, telles que les squelettes externes des arthropodes. Les fonds marins se peuplent d’animaux aux formes souvent très différentes des faunes actuelles. De nombreux groupes d’arthropodes, de vers, d’éponges ou de mollusques apparaissent.

Sur la frise : un Anomalocaris (arthropode) un trilobite (arthropode) et un Pirania (éponge tubulaire).

Notre dossier sur le Cambrien
Ordovicien
Extinction
Ordovicien-Silurien

Ordovicien

À l'Ordovicien, la vie animale se propage hors des fonds marins et gagne la colonne d'eau. Des vertébrés et des céphalopodes nagent en eaux libres alors que les brachiopodes et trilobites sont très fréquents sur les fonds marins. Les premières plantes terrestres colonisent les milieux humides continentaux. A la fin de l'Ordovicien, un refroidissement du climat entraîne la première des cinq grandes crises de la biodiversité.

Sur la frise : un Sacabambaspis (vertébré), un orthocône (céphalopode) et un brachiopode.

 

Extinction
Ordovicien-Silurien

La Terre connaît une première grande crise à la fin de l’Ordovicien, alors que la vie est exclusivement marine. Cette crise serait due à un intense épisode de glaciation et aurait provoqué la disparition de 60 à 70% des espèces.

Silurien

Silurien

Au Silurien, les arthropodes et les vertébrés poursuivent leur diversification dans les océans. Dans les milieux humides continentaux, les plantes terrestres continuent de se diversifier avec l'apparition des plantes vasculaires (qui possèdent des tiges et de la sève). Elles sont accompagnées de certains arthropodes tels que les myriapodes et les arachnides.

Sur la frise : un euryptéride (ou scorpion de mer), un mille-pattes et l'une des premières plantes vasculaires, Cooksonia.

Dévonien
Extinction
du Dévonien

Dévonien

Au Dévonien, les vertébrés marins sont très diversifiés, en particulier par la présence de nombreux « poissons » cuirassés appelés placodermes. Les tétrapodes apparaissent, ce sont les premiers vertébrés munis de pattes et de doigts mais ils sont encore inféodés aux milieux aquatiques. La végétation du début du Dévonien ne mesure que quelques dizaines de centimètres de haut : elle fait peu à peu place à des forêts d'Archeopteris mesurant jusque 30 mètres.

Sur la frise : un placoderme (prédateur marin), un Calamophyton (arbre) et un Ichtyostega (tétrapode).

Extinction
du Dévonien

D’importantes variations climatiques et la chute de l’oxygénation des mers entraînent, à la fin du Dévonien, une crise qui provoque l'extinction du Dévonien et la disparition de 75% des espèces.

Les cinq grandes crises du vivant
Carbonifère

Carbonifère

Au Carbonifère, de riches écosystèmes forestiers se développent dans les zones humides. Les arbres et insectes volants se diversifient et se spécialisent, alors que débute l'essor des tétrapodes sur le milieu terrestre. C'est à cette période que, de la collision entre deux grands continents, nait le supercontinent de la Pangée.

Sur la frise : un paléodictyoptère (insecte volant), une fougère arborescente et un Hylonomus (reptile).

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Permien
Extinction
Permien-Trias

Permien

À partir du Permien, à la suite suite d'une aridification du climat, la flore change considérablement. Les plantes à graines deviennent dominantes. Les nouvelles chaînes de montagnes subissent une forte érosion. Les amniotes (vertébrés à quatre pattes pondant des œufs) se diversifient sur la terre ferme. Dans les océans, le sommet de la chaîne alimentaire est dominé par des groupes proches des requins actuels.

Sur la frise : un dimétrodon (amniote), un rameau du conifère Walchia et un hélicoprion (proche des requins)

Extinction
Permien-Trias

A la fin du Permien a lieu la crise du Permien-Trias. C'est la plus grande qu’ait jamais connue la Terre. Elle provoque la disparition de plus de 90% des espèces, terrestres comme marines. Cette crise sans précédent aurait été essentiellement causée par deux épisodes volcaniques majeurs.

Mésozoïque

L'ère Mésozoïque

Cette période de grande diversification de la biodiversité, comprise entre deux extinctions massives, dure près de 186 millions d’années. Elle se caractérise par l’émergence et la domination des dinosaures, des reptiles volants et des reptiles marins, ainsi que par l'apparition des mammifères et des plantes à fleurs.

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Trias
Extinction
Trias-Jurassique

Trias

Au Trias a lieu une forte diversification des reptiles : crocodiles, tortues ou encore dinosaures apparaissent sur le supercontinent de la Pangée, accompagnés des premiers mammifères. Des reptiles retournent à la vie marine. Les ptérosaures sont les nouveaux grands prédateurs volants. Les groupes dominants d’insectes sont les coléoptères, les diptères et les hyménoptères. Les conifères deviennent les arbres les plus abondants.

Sur la frise : un Morganucodon (mammifère), un ichthyosaure (reptile marin) et un ptérosaure (reptile volant).

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Extinction
Trias-Jurassique

La crise du Trias-Jurassique s'étend sur près de 17 millions d'années, un record en comparaison aux autres crises qui s’étendent sur des périodes durant de 1 à 2 millions d’années. 

Probablement induite par un intense épisode volcanique en plein cœur d'une Pangée fractionnée, cette crise conduit à la disparition de 70 à 80 % des espèces, alors que commence l'ouverture de l'océan Atlantique.

Les cinq grandes crises du vivant

Jurassique

Jurassique

Au Jurassique, la Pangée n'existe plus, morcelée par les océans Atlantique et Téthys où règnent les reptiles marins. Les dinosaures se diversifient, avec le développement du gigantisme mais aussi l'apparition des premiers oiseaux. Les insectes connaissent également une forte diversification. Côté forêts, les plantes à graines prospèrent mais les fougères restent très présentes dans certains milieux.

Sur la frise : un archéoptéryx (proche des futurs oiseaux), un crabe et un sauropode.

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Crétacé
Extinction
Crétacé-Paléogène

Crétacé

C'est au Crétacé qu'ont vécu de célèbres dinosaures comme le tyrannosaure ou le tricératops. Les ammonites et reptiles marins sont fréquents dans les océans tandis que les espèces d'oiseaux se diversifient. Les plantes à fleurs connaissent un très fort succès évolutif, événement majeur de la formation des écosystèmes à venir. Elles sont accompagnées de nombreux pollinisateurs.

Sur la frise : une ammonite, une abeille sur une fleur, un tyrannosaure.

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Extinction
Crétacé-Paléogène

La dernière grande crise du Crétacé-Paléogène est sans doute la plus connue, car elle correspond à l’extinction d’un des groupes d’animaux fossiles les plus célèbres, les dinosaures (à l'exception des oiseaux). Elle concorde avec un épisode volcanique majeur au Dekkan (Inde), auquel s’ajoute la chute d’un astéroïde dans la péninsule du Yucatan (Mexique). Ces deux événements ont impacté toute la planète.

Les cinq grandes crises du vivant
Cénozoïque

Cénozoïque

Débutant il y a 66 millions d’années, le Cénozoïque se poursuit aujourd'hui. Connu comme « l'ère des mammifères » du fait de la rapide évolution de ces derniers vers de grandes tailles, c'est aussi une période de grandes diversifications parmi les oiseaux, les plantes à fleurs ou encore les « poissons à arêtes ».

Paléogène

Paléogène

Le Paléogène se situe après la disparition des dinosaures non-aviens, des ammonites et de nombreux autres groupes d’espèces. Dans les milieux qu’ils laissent vacants, les mammifères et les oiseaux connaissent une forte diversification, alors que les actinoptérygiens (ou « poissons à nageoires rayonnées ») deviennent abondants dans les océans et en eaux douces. Les plantes à fleurs, notamment les arbres feuillus, poursuivent leur développement et deviennent la flore la plus diversifiée.

Sur la frise : un palmier, un baluchitère (grand mammifère) et un actinoptérygien.

Néogène

Néogène

Au Néogène, le courant de Drake se met en place autour de l’Antarctique et la planète se refroidit progressivement pour s’approcher du climat actuel. Vers la fin du Néogène, l’isthme de Panama relie les Amériques du Nord et du Sud et forme une séparation entre Atlantique et Pacifique.  Sur la terre ferme, les prairies de graminées deviennent fréquentes et la faune s’adapte à de nouveaux écosystèmes proches de ceux que l’on connait aujourd’hui.

Sur la frise : une graminée, une antilope (ruminant) et une baleine (cétacé).

Quaternaire

Quaternaire

Le Quaternaire est la période géologique actuelle, commençant il y a 2,58 millions d'années. Plusieurs épisodes de glaciation et/ou l’émergence du genre humain amènent à l’extinction de la majorité des espèces de grands mammifères, tels que les paresseux géants ou les mammouths. Plus récemment, en un temps bien plus court que lors des autres périodes géologiques, les activités humaines impactent tous les écosystèmes et provoquent une augmentation globale de la température.

Sur la frise : un fuchsia, un humain et une méduse.

La Terre change de visage

Le Jurassique fut une période de grands changements géographiques, marquée par un intense volcanisme, la fragmentation de la Pangée, l’évolution des courants océaniques et le développement des écosystèmes.

La fragmentation de la Pangée et l’ouverture de la Téthys

Illustration de la position des continents à la fin du Jurassique. L'Amérique, l'Europe et l'Asie constituent un bloc continental au Nord, les autres blocs continentaux, au Sud, commencent à se séparer.

Les mouvements des continents se déroulent sur plusieurs dizaines de millions d’années. Les continents de la fin du Jurassique, il y a 143 millions d’années, sont encore très éloignés de leurs positions actuelles.

© MNHN - K. Peyer

Le supercontinent Pangée commence à se segmenter au début du Mésozoïque, de telle façon qu’au Jurassique les continents sont séparés :

  • La Laurasie, au nord, est constituée des futures Amérique du Nord, Europe et Asie.
  • Le Gondwana, au sud, regroupe les futures Amérique du Sud, Afrique, Arabie, Madagascar, Inde, Australie et Antarctique.
  • L’Océan Téthys est situé à l’est entre ces deux masses continentales.

Le Gondwana continue de se disloquer pendant tout le Jurassique : l’Antarctique, l’Australie, l’Inde et Madagascar se séparent de la future Afrique. Des mers peu profondes apparaissent et un océan commence à s’ouvrir entre l’Afrique et l’Amérique du Sud : l’océan Atlantique.

Ichtyosaure. Reptile marin avec la silhouette d'un dauphin mais avec 4 nageoires et un museau très allongé

Représentation de Stenopterygius, ichthyosaure ayant vécu il y a plus de 171 millions d’années, au Jurassique. Les couleurs de l'animal ne sont pas connues à ce jour.

© J-F Dejouannet AIS/UAR2700 2AD CNRS MNHN

Le climat se réchauffe et la mer monte durant le Jurassique

Durant le Jurassique, qui dura près de 58 millions d’années, le climat se réchauffe progressivement et le niveau marin augmente, dépassant le niveau actuel de 50 mètres dès le Jurassique moyen, et de 150 mètres à la fin du Jurassique. Cela contribue encore davantage à la formation de nouveaux écosystèmes marins et à la séparation des terres émergées.

Les espèces terrestres – reptiles, mammifères mais aussi insectes – évoluent séparément sur ces terres isolées. Dans les mers et océans, de nombreux reptiles marins (notamment les ichthyosaures et plésiosaures), céphalopodes (tels que les ammonites et bélemnites), poissons et crustacés prospèrent et se propagent autour du globe.

Le saviez-vous ? Au Jurassique, l’Europe était un vaste archipel au climat chaud.

Dans la seconde moitié du Jurassique, le niveau de la mer est si haut que l’Europe est un grand archipel qui sépare la future Amérique du Nord du futur continent asiatique.

Les quelques terres émergées de l’Europe correspondent aux grands massifs montagneux de l’époque tels que le Massif armoricain ou le Massif central. Certains massifs comme les Alpes, les Pyrénées ou l’Himalaya ne se sont pas encore élevés.

Le Jura compte alors plusieurs îles, mais ce sont ses fonds marins qui ont été à l’origine du nom « Jurassique », nommé en 1829, plus de 10 ans avant que le mot « dinosaure » ne soit créé, en 1842, par le célèbre paléontologue Richard Owen.

Les paysages du Jurassique

Au Jurassique, le climat est bien plus chaud qu’aujourd’hui. Seules les terres situées près des pôles, par exemple aux latitudes du nord du Canada actuel, ont alors un climat correspondant aux régions tempérées actuelles. Sur le reste des terres émergées, le climat est chaud, et généralement humide. La végétation au Jurassique est donc majoritairement adaptée à un environnement tropical.

Dinosaure au long cou entouré de grands conifères et de fougères basses

Reconstitution d’un environnement du Jurassique inférieur d’Argentine, comportant une canopée de conifères, une végétation basse de fougères et un dinosaure sauropodomorphe.

© Jorge A. Gonzalez

La flore n’a pas connu de crise majeure au début du Jurassique et contrairement à la faune, elle est composée d’espèces très semblables à celles de la fin du Trias. Les forêts y sont majoritairement composées de conifères, de plantes à graines aujourd’hui disparues, ou de fougères arborescentes.

Le règne des conifères

Au cours du Jurassique, les conifères continuent de se diversifier, et comportent bien plus d’espèces différentes qu’aujourd’hui. Parmi elles se trouvent les premières Pinaceae (incluant aujourd’hui les pins, les cèdres ou les épicéas), la famille des Cupressaceae (les cyprès), mais aussi de nombreuses espèces de conifères adaptées aux climats tropicaux.

Les conifères atteignent un pic de diversité à la fin du Jurassique, ils ne sont pas encore confrontés à la concurrence des angiospermes (plantes à fleurs). Dans les flores actuelles, on connait moins de 1000 espèces de conifères, pour près de 350 000 espèces de plantes à fleurs.

Fleur blanche aux pétales multiples.

Représentation hypothétique de la première fleur, selon une étude publiée en 2017 dans la revue Nature.

© H. Sauquet & J. Shönenberg

Ni forêts de feuillus, ni fleurs, ni herbes ?

Les paléobotanistes estiment aujourd’hui que les toutes premières plantes à fleurs (angiospermes) pourraient être apparues durant le Jurassique, mais elles se seraient encore très peu propagées et diversifiées.

En effet, le plus ancien fossile connu et faisant consensus comme étant une plante à fleur date d’il y a moins de 125 millions d’années, soit plus de 18 millions d’années après la fin du Jurassique.

Au Jurassique, il n’existait donc pas de forêts de feuillus, ni de prairies composées de plantes à fleurs et de graminées (ou « herbes »), qui dominent aujourd’hui les écosystèmes.

Les forêts tropicales du Jurassique

La majorité des forêts du Jurassique sont des forêts tropicales, comprenant des plantes disparues aujourd’hui, mais aussi de nombreux représentants de groupes encore présents aujourd’hui, tels que les Araucarias, les Cycas, les fougères arborescentes ou les Ginkgos.

Les flores n’étaient pas identiques dans toutes les régions du monde, certaines présentaient des adaptations spécifiques aux variations de salinité près des milieux marins, ou encore aux sècheresses saisonnières sur les continents.

Découvrez quelques exemples de plantes qui entouraient les dinosaures et autres animaux terrestres du Jurassique :

Plusieurs plantes de taille moyenne, aux troncs épais et irréguliers, marqués par les cicatrices d'anciennes feuilles, et aux grandes feuilles ramifiées.

Photographie de cycas actuels. La famille des cycadales était très fréquente au Jurassique, et se retrouve encore aujourd’hui dans les forêts tropicales. Ce sont des plantes peu ramifiées, aux troncs recouverts des cicatrices d’anciennes feuilles.

© Anna Zaro - stock.adobe.com
Fougres arborescentes : des arbres avec de grandes feuilles aux formes typiques des fougères

Photographie de fougères arborescentes actuelles. Les fougères arborescentes, ou Cyatheales, sont apparues au Carbonifère, bien avant le Jurassique, et sont encore présentes aujourd’hui dans les forêts tropicales.

© John - stock.adobe.com
Forêt de grands conifères ressemblant à des pins.

Les conifères de la famille des Pinaceae se diversifient au Jurassique. Ils sont aujourd’hui fréquents dans de nombreux paysages, comportant par exemple les pins, épicéas ou cèdres.

© Elenaed - stock.adobe.com
Un Araucaria actuel, arbre aux branches couvertes de grosses aiguilles en forme d'écailles, et au tronc couvert de cicatrices de feuilles.

Photographie d’un Araucaria actuel, dans le « Jardin du Stégosaure » devant la Galerie de Paléontologie. Les Araucariaceae sont une des familles de conifères très fréquentes dans les gisements du Jurassique, alors qu’aujourd’hui la grande majorité de ses espèces est concentrée en Nouvelle-Calédonie.

© MNHN - L. De Brito
Un conifère aux branches épaisses, qui ont un port légèrement descendant puis remontant.

Le Pin de Wollemi, Wollemia nobilis, fait partie comme les araucarias de la famille des Araucariacées. Elle n’existe à l’état sauvage que dans une forêt d’Australie, et a été découverte en 1994.

© MNHN - J.-C. Domenech
Plante tropicale au tronc large et aux longues feuilles ramifiées. D'anciennes feuilles restent attachées au tronc, marqué par les cicatrices d'aures feuilles déjà tombées.

Williamsonia est une Bennettitale fréquente dans les gisement marécageux et d’atolls, notamment dans le Jura.

Les Bennettitales sont des plantes emblématiques du Mésozoïque, apparues au Permien il y a plus de 252 millions d’années et disparues il y a 66 millions d’années.
 

© Catmando - stock.adobe.com
Feuilles jaunes en forme d'éventail.

Illustrations de feuilles de la seule espèce de Ginkgo actuel, le Ginkgo biloba. La famille des Ginkgo est caractérisée par des feuilles en éventail, plus ou moins découpées et jaunissant à l’automne. Ce groupe était très diversifié au Jurassique, avec plusieurs dizaines d’espèces.

© M. E. Eaton
Des plantes basses, très vertes et ramifiées en tiges, mais sans feuilles ni fleurs.

Photographie de prêle actuelle. Les prêles sont des plantes basses très fréquentes dans les zones humides et forêts du Jurassique, à l’instar des fougères.

© Pali A - stock.adobe.com

Entrées en scène : de nouvelles formes de vie apparaissent

Fossile Archeopteryx

Fossile d'Archeopteryx exposé au Muséum de Berlin

CC BY-SA 3.0 H. Raab

Moins violente que la précédente, la crise Trias-Jurassique s’étend sur une durée dix fois plus longue, soit près de 17 millions d’années. Responsable de la disparition de près de 80 % des espèces, elle va également permettre l’apparition de nouvelles espèces.

Dinosaure, vole !

Il y a près de 150 millions d’années, le premier oiseau prend son envol. Issu d’une lignée particulière de petits théropodes, les droméosauridés, Archaeopteryx n’est pas le premier dinosaure à être couvert de plumes car certains de ses prédécesseurs s’en paraient déjà pour séduire leur partenaire ou réguler la température de leur corps. Mais il est, parmi les dinosaures connus, le premier à être capable de voler ! Cependant il ne battait probablement pas des ailes mais les déployait plutôt comme un nageur de brasse papillon. Il appartient, avec les oiseaux modernes, au groupe des dinosaures aviens.

Dessin représentant ce à quoi aurait pu ressembler Agilodocodon, un mammifère insectivore arboricole ressemblant à une musaraigne

CC BY 3.0 Kaek

Des mammifères encore discrets

Apparus au Trias, presque au même moment que les dinosaures, les premiers mammifères doivent se faire discrets pour pouvoir cohabiter avec ces redoutables sauriens. Mais, si les scientifiques ont longtemps pensé que ces animaux terrestres étaient tous de très petite taille, semblables aux musaraignes actuelles, on sait aujourd'hui que leurs groupes étaient bien plus diversifiés y compris en matière de régime alimentaire ou de modes de locomotion. Pour la plupart recouverts de fourrure, ils pouvaient être fouisseurs (creusant des terriers) ou arboricoles, diurnes ou nocturnes, insectivores mais pas seulement…

Squelette fossile d'ichthyosaure Stenopterygius du Jurassique inférieur (environ 180 millions d'années) au Muséum national d'Histoire naturelle

© MNHN - P. Vincent

Des océans pleins de vie

Largement peuplés au Trias par des reptiles retournés au milieu aquatique, les océans ne désemplissent pas. On y trouve de nouvelles sortes de céphalopodes, les ammonites, qui ont rejoint les bélemnites triassiques toujours présentes en grand nombre. Toutes ces espèces servent de repas aux reptiles marins, comme les Ichtyosaures, les Pliosaures et les Plesiosaurus. Capables de réguler leur température corporelle, ce qui leur permet de nager en eaux froides, les plésiosaures semblent être aussi d’excellents nageurs à même de s’aventurer en pleine mer : au Jurassique, on retrouve leurs fossiles sur tous les continents et à toutes les latitudes.

Ammonites et bélémnites, des marqueurs temporels

Les fossiles de céphalopodes, comme les bélemnites et les ammonites, offrent de pratiques repères temporels pour les scientifiques lors des fouilles. Caractéristiques de périodes et de milieux bien définis, ils sont largement présents dans des couches géologiques délimitées. Ces fossiles stratigraphiques contribuent ainsi à dater l’ensemble des éléments qui les entourent.

Les dinosaures à la conquête des continents

Un climat relativement clément, une nourriture abondante et la disparition de groupes jusqu’alors prédominants laissent le champ libre aux dinosaures qui grossissent aussi bien en taille qu’en répartition et en diversité. Mais ils ne sont pas seuls pour autant…

Squelette d'allosaure

Allosaure (Allosaurus fragilis) - Galerie de Paléontologie

© MNHN - A. Iatzoura

Les dinosaures prennent du poids

Les dinosaures prennent possession des continents. Installés sur des territoires spécifiques, ils développent des morphologies très diverses, adaptées à chaque milieu. Avec en particulier à la fin du Jurassique, une tendance commune au gigantisme.

Théropodes carnivores et sauropodes herbivores dépassent souvent les 10 mètres de long Stégosaures de 9 mètres hérissé de pointes, ankylosaures couverts d'armures de plaques osseuses, brachiosaures de près de 20 mètres… les herbivores sont les plus impressionnants. Chez les carnivores, les tailles sont légèrement inférieures, entre 6 et 8 mètres pour Allosaurus ou Ceratausorus. Mais leur vélocité compense leur petite taille. Parfois, ils s’associent en meute pour chasser d’autres dinosaures, y compris de gros herbivores. Ou, comme Compsognatus, des petits mammifères et des insectes.

Le saviez-vous ?

Qu’ils soient carnivores ou herbivores, les dinosaures perfectionnent leur dentition : leurs dents poussent en permanence. Et leur estomac digère n’importe quoi. De quoi faciliter leur essor…

Sculpture du Stégosaure

Sculpture du Stégosaure devant la Galerie de Paléontologie et d'Anatomie comparée

© MNHN
Squelette d'une patte d'allosaure

Patte d'allosaure (Allosaurus fragilis) - Galerie de paléontologie

© MNHN - A. Iatzoura

Un fourmillement d’insectes

Connu pour être la période de développement des dinosaures, le Jurassique est en réalité l’âge d’or des… insectes. Aux côtés des familles propres à cette période, tous les grands groupes d’insectes d’aujourd’hui existaient déjà à cette époque, avec en plus une diversité inégalée. Chez les seuls odonates, les demoiselles et libellules, on a dénombré plus de 30 familles jurassiques comme les Protolindeniidae. À l’inverse des dinosaures, la taille des insectes a commencé à diminuer dès la fin du Trias et, à la fin du Jurassique, les derniers insectes géants ont disparu.

Fossile d'insecte Protolindenia viohli

Fossile de Protolindenia viohli, Muséum national d'Histoire naturelle

© MNHN
Puce géante du milieu du Jurassique moyen

Puce géante du milieu du Jurassique moyen

© Huang

Les piqueurs-suceurs à l’attaque

Les plumes des dinosaures et les poils des petits mammifères offrent de nouvelles opportunités aux insectes qui s’accrochent facilement à ces nouveaux hôtes. Une aubaine pour les puces, des insectes hématophages (qui se nourrissent de sang), qui font leur apparition. Des petits insectes volants comme les phlébotomes et les moustiques profitent également de ces proies dépourvues de cuirasse pour se propager et se diversifier.

Dossier rédigé en octobre 2023, mis à jour en mars 2025. Remerciements à Karin Peyer, paléontologue au CR2P - UMR 7207, Léa de Brito, paléobotaniste, attachée de recherche au CR2P - UMR 7207, Peggy Vincent, paléontologue spécialiste des reptiles marins du Mésozoïque, chargée de recherche CR2P - UMR 7207, Nathalie Bardet, paléontologue spécialiste des reptiles marins, directrice de recherche CNRS CR2P - UMR 7207, André Nel, paléo-entomologiste, Professeur Institut de systématique, Evolution, Biodiversité - UMR 7205, Olivier Bethoux, paléo-entomologiste, chargé de la conservation des collections d'insectes préservés en empreintes, maître de conférence, CR2P - UMR 7207, Ronan Allain, paléontologue chargé de la conservation des collections de reptiles et d'oiseaux fossile, maître de conférence CR2P - UMR 7207, Florent Goussard, ingénieur d'études CR2P - UMR 7207, pour leur relecture et participation.

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